Le Perchoir 🪶

Militantisme trans : Seul contre tous.



Série de trois billets :

Parce que j'avais beaucoup de choses à dire sur ce sujet qui me tiens tout particulièrement à cœur, le billet original était devenu si large qu'il en était devenu intimidant. Du coup, ne voulant pas perdre ce travail, j'ai décidée de le découpé en trois billets parlant de ce que c'est d'être trans en France :

Paniqué face à la formation du Nouveau Front Populaire, Emmanuel Macron tente de charmés un électorat réactionnaire en balançant les personnes transgenres de France sous un bus, démontrant sa totale incompréhension des revendications militantes.

Vous êtes ici. ⋅ Être une personne trans, c'est trop souvent être forcément militants malgré nous et devoir faire face seul, souvent avec l'impression d'être contre tous.

Un témoignage plus personnel sur ce que c'est que d'être trans en France.

Les trois partagent un contexte : La sorti sur "les changements de sexe en mairie" de Emmanuel Macron, mais les trois billets sont indépendants. La lecture de l'un n'est pas indispensable à la lecture d'un autre.



En tant que personne trans, je fais partie d'une communauté qui est minuscule. On est moins d'1 % en France. Et parce que justement, on est si peu nombreux et qu'en même temps, on est un si gros sujet, nos voix sont noyées dans les paniques réactionnaires en permanence. Ce qui met le poids de nos luttes sur nos épaules à nous. Le fait que les personnes concernées militent elles-mêmes pour leur lutte, ce n'est rien de nouveau. Mais la grosse différence avec le reste du spectre LGBT, c'est que les personnes trans sont extrêmement minoritaires.

Des lesbiennes, des bisexuels, des gays qui sont complètement dépolitisés ou même de droite, il y en a plein. Des personnes trans d'extrême droite aussi, mais si je dois parler d'eux, ce sera dans un autre billet de blog, parce que c'est très différent que les gays d'extrême droite, par exemple. Ce sont avant tout des victimes de la transphobie et il suffit de les entendre parler d'eux même pour s'en rendre compte, mais c'est un tout autre sujet. Et ce n'est pas non plus pour dire qu'il n'y a pas de personnes trans relativement dépolitisés. Si, il y en a et j'en connais. Mais ce n'est pas pour les mêmes raisons.

Des personnes trans qui ne se sentent juste pas concernés par les ondes politiques du pays, je suis sûre que ça existe, mais je n'en ai juste pas rencontré. J'ai déjà parlé de mon ressenti sur la dépolitisation des mouvements LGBTI dans un billet précédent.. Je résumerai par le fait que des personnes trans dépolitisés, il y en a et que c'est souvent en grande partie parce que leurs vies sont déjà assez compliquées à cause du fait qu'elles soient trans pour constamment aller s'exposer à de la transphobie en plus de ce qu'ils ont déjà à supporter dans leurs vies de tous les jours. Ce que je comprends complètement.

Malgré cela, je peux vous garantir que l'écrasante majorité des personnes trans de ce pays, même celles qui ne sont pas profondément investi dans les questions politiques, se sentent particulièrement concernés par ce qui se passe en ce moment. Est-ce autant le cas des personnes LGB ? Je n'ai pas l'impression. Pour les militants dans les mouvements très concentrés sur l'aspect LGB de LGBT, c'est une question très différente, eux ont clairement conscience du danger, mais justement, ce sont des militants et pas tous les LGB le sont, de plus en plus même, ayant gagné beaucoup des droits revendiquer, ils deviennent minoritaires. Mais la plupart des personnes trans le sont à un certain degré, ayant encore beaucoup de progrès à faire sur leurs droits et en sachant que ce qui a été acquis tient sur un rasoir.

Dans mon entourage, et je sais que c'est très anecdotique, mais je n'ai pas vu de personnes LGB se dire qu'elles allaient perdre l'accès à leurs mariages ou autre, mais toutes les personnes trans que je connais sont déjà en train de se renseigner pour obtenir des hormones en dehors des chemins légaux. Alors que les deux sont des inquiétudes très légitimes.

Pour beaucoup de personnes cisgenres et blanches, même si non-hétérosexuel, il y a un acquis quelque peu inconscient que leurs vies ne sera pas impacté. L'extrême droite à tellement répéter encore et encore qu'elle n'avait pas de problème avec eux, que ça à fini par rentrer. Mais c'est faire entrer le loup dans la bergerie. L'extrême droite ne militera jamais avec vous pour de bonnes raisons. C'est quand la dernière fois que vous avez vu quelqu'un d'extrême droite s'indigner d'homophobies sans immédiatement faire le lien avec l'immigration ?

Si vous êtes LGB et que vous pensez que vous n'allez pas vous faire détruire vos droits, vous n'avez clairement pas fait assez attention à ce qui se passe au tour de nous. Et étant trans, dans une relation lesbienne, je peux vous garantir que je me sens tout aussi concernés. On sait très bien que la montée du RN va signifier une explosion de la transphobie, ainsi qu'une explosion des agressions homophobes et de lesbophobes. Et y en a qui n'en peuvent déjà plus d'attendre. On est toutes et tous concernés, mais clairement, pas tout le monde ne le ressens.

C'est aussi parce que ce sont des gens qui font partie de démographies qui sont suffisamment larges pour ne pas qu'elles ressentent le besoin de se représenter elles-mêmes. Parce qu'il y a suffisamment de personnes et de militants pour le faire à leur place. Même si demain sur une chaîne TV, on va dire CNews tiens (au hasard bien sûr), quelqu'un vient de balancer une grosse dinguerie homophobe et qu'il n'y a jamais de représentants d'une association ou quoi que ce soit pour contredire, une très large parti de la population a dans son entourage direct ou indirect quelqu'un qui n'est pas hétéro.

Je ne dis pas que ça ne peut pas convaincre, non, l'homophobie est toujours un réel problème en France. Je dirai même que homophobie et transphobie sont deux très proches cousins et que les deux trouvent racine dans la misogynie. Je dis que parce que justement énormément de gens ont une personne directement concernée personne dans leurs proximités, ça rend la déshumanisation de ces gens-là bien plus compliquée à opérer.

Aujourd'hui, il serait particulièrement mal vu de plus ou moins subtilement faire le lien entre homosexualité et pédophilie. Mais par contre, on le fait avec les personnes transgenres tout le temps. Et ça, ça passe parce que très peu de gens ont de personnes trans dans leur entourage. Car non seulement, on est très minoritaires, mais le poids écrasant qui est mis sur les personnes transgenres les forces à se cacher ou à réprimer leurs identités au point de ne parfois jamais faire de coming out. Mais si c'était sur une personne LGB, ça passerait moins, car c'est bien plus commun et vérifiable. Et c'est parce que les mouvements LGBT ont fait un énorme taff pour justement, réussir à percer et à donner une place à ces gens dans la société. Les revendications transgenres sont simplement passées à la trappe à cette époque, car trop marginal.

Pour beaucoup de ces LGB, c'est facile de se faire séduire par l'extrême droite. L'extrême droite adore se donner une image gay friendly en public, pour aller voir les LGB et leur dire qu'ils n'ont pas de problème avec eux, mais juste avec le T. C'est assez classique d'ailleurs comme tactique maintenant. La société avance vite et l'histoire se perd tout aussi vite, suffisamment pour que certains oublient que de retour en 2013, pendant le mariage pour tous, c'étaient les mêmes arguments qui étaient utilisés contre eux et particulièrement contre les hommes gays.

Je tiens à dire que je ne discrédite aucun des efforts fais par nos alliés.

La cause transgenre est une cause très différente et avec des revendications tout aussi différentes que celles des questions d'orientations sexuelles, mais on marche ensemble parce que ceux qui en ont après nous, en ont après eux aussi et utiliseront les même tactiques face à toutes et tous. Je n'oublierai jamais que la CGT à appelés à milité pour nous de retour à la proposition du sénat. Les activistes non-trans qui se battent corps et âme pour nous, les féministes transinclusive, je n'oublie personne et je vous suis profondément reconnaissante. C'est toujours un immense plaisir de manifester à vos côtés. Ne lâchez rien, on a besoin de vous, sans vous, nos revendications ne peuvent simplement pas être entendues.

Mais c'est aussi tout le problème. On a besoin de ces mouvements, parce que sans eux, notre voix ne serait jamais entendue. Est-ce que le féminisme à besoin des personnes transgenres pour avancer ? Est-ce que si on enlevés le T, le mouvement LGBT aurai soudainement bien plus de mal à obtenir gain de cause ? Non. Mais si on venait à perdre le support de ces gens, on perdrait tous nos combats avant même de pouvoir les commencer. Car on est si minoritaire que ça.

On est assez minoritaire pour que toute personne trans se doit immédiatement de devenir une encyclopédie vivante des questions trans pour être prise au sérieux, parce que le premier réflexe que beaucoup de gens vont avoir dans son entourage, c'est de lui poser des questions vraiment déplacées, de la mettre à l'épreuve sur ses connaissances, ses positions sur des sujets politiques, l'observer de bien plus prêt quand il y a des enfant dans la pièce, ce genre de choses, sans même parler des constantes tentative de décelés toute forme de doute sur son identité chez elle.

Pas mal de personnes ont une image des personnes trans comme étant très militantes. On n'a pas le choix. Notre identité devient notre vie parce que tout nous y ramène en permanence, notre droit à une existence paisible devient le combat de notre vie.

Face à la désinformation constante, je fais le travail avec des proches qui ont des idées reçus très ancrées sur nous, et ce n'est pas grave, ce n'est pas leur faute dans un tel pays. Je fais le taf, je corrige la chose, je les aide à comprendre. Le problème, c'est qu'après, une nouvelle panique morale débarque et là, il faut que je refasse ce même taf avec ces mêmes personnes, parce que de nouveau, ce que j'ai essayé de bâtir a été enfoui par les mêmes merdes, et c'est la même chose en boucle.

[Je tiens à dire que tout ce que je viens de dire, même si je me concentre sur la partie trans de la question, s'applique aussi aux personnes intersexes, encore plus minoritaires, encore plus complètement incomprises, trop souvent mélangées aux personnes trans et qui se prennent des balles pour nous alors que c'est quelque chose de très différent. Cela dit, ce n'est pas un sujet que je maîtrise pleinement pour l'instant et donc je ne commenterai pas dessus. Mais je ne vous oublie pas. Force à vous. 💛💜]

Pas tout le monde peut faire du militantisme. C'est un travail qui peut se montrer exténuant et souvent ingrats. L'efficacité rhétorique comme l'éloquence, sont des choses qui se travaillent, elles ne sont pas juste acquise. Mais pas tout le monde peut travailler sur ces choses. Il faut avoir le temps, l'espace mental ou même l'envie de s'y consacrer. Ce renseigner sur toutes ces questions est un travail qui peut se montrés aussi long qu'il peut être douloureux, parce que ça demande aussi de s'exposer aux nombreux arguments transphobes, la déshumanisation constante de nos identités, quand c'est déjà quelque chose au quel ont doit faire face en permanence. Mais on est un peu toutes et tous forcés de s'équiper d'un argumentaire complet pour pouvoir se défendre et survivre aux échanges avec notre entourage personnel et professionnel.

Personnellement, j'ai toujours était politisés, c'est un intérêt spécifique, mais militant ? Non, ça, c'est venu avec ma transidentité, qui m'a poussée à prendre la parole publiquement de manière militante pour la première fois, ou j'ai décidé de manifester souvent malgré mes anxiétés sociales et j'en passe. Ce n'est pas parce que ça me concerne maintenant, non, j'étais déjà concernée avant. Je n'ai pas eu besoin d'être trans pour faire partie de la démographie LGBTI et ne me souvenant pas de la dernière fois que j'ai touché un SMIC complet, je peux vous garantir que j'ai beaucoup de raisons d'être en colère.

Mais à quelques exceptions près, je n'étais pas beaucoup dans la rue, je ne m'exposais pas sur ce genre de sujet, même en ligne, et ceux, malgré le fait que j'avais des choses que j'avais envie de dire. Je le fais maintenant, parce que je ne peux pas attendre de trouver quelqu'un qui soit plus éloquent, plus formé, plus efficace ou je ne sais quoi de le faire pour moi. Il se trouve que même si je le fais avec les jambes qui tremblent, j'arrive à prendre un micro, que même si je ne me sens pas légitime, j'arrive à écrire un truc pareil, alors, il faut y aller. Je dois le faire pour celles et ceux qui ne peuvent pas le faire, on n'est juste pas assez nombreux et trop prit pour cible. Et j'espère ne pas dire d'immenses conneries en le faisant.

Je sais que toute personne qui ne me connaît pas me percevra comme une représentante directe de la communauté transgenre, et même pour beaucoup de proches, je suis la seule personne trans de leurs cercles. Mais ce n'est pas vraiment ce que je veux. Ce n'est pas un poids que je veux sur mes épaules, mais c'est comme ça. Ça fait partie de la réalité d'être trans en France.

J'espère faire ça bien. Les temps qu'on traverse sont durs.


Merci d'avoir lu.

Force à toutes les personnes transgenres, non-binaires, ainsi qu'aux personnes intersexes de ce pays. On a besoin de la permission de personne pour exister. Si nos vies doivent être un combat, alors on partira en guerre ensembles.

🩵🩷🤍 ⋅ 💛🤍💜🖤 ⋅ 💛💜



Série de trois billets :

Parce que j'avais beaucoup de choses à dire sur ce sujet qui me tiens tout particulièrement à cœur, le billet original était devenu si large qu'il en était devenu intimidant. Du coup, ne voulant pas perdre ce travail, j'ai décidée de le découpé en trois billets parlant de ce que c'est d'être trans en France :

Paniqué face à la formation du Nouveau Front Populaire, Emmanuel Macron tente de charmés un électorat réactionnaire en balançant les personnes transgenres de France sous un bus, démontrant sa totale incompréhension des revendications militantes.

Vous êtes ici. ⋅ Être une personne trans, c'est trop souvent être forcément militants malgré nous et devoir faire face seul, souvent avec l'impression d'être contre tous.

Un témoignage plus personnel sur ce que c'est que d'être trans en France.

Les trois partagent un contexte : La sorti sur "les changements de sexe en mairie" de Emmanuel Macron, mais les trois billets sont indépendants. La lecture de l'un n'est pas indispensable à la lecture d'un autre.




Historique de la publication.

2024-06-23 21:10

2024-06-21 11:42

2024-06-20 21:37

2024-06-19


Ceci devais d'abord être un commentaire à cette publication Instagram vu la veille de ce post. Insatisfaite, je ne l'ai pas postés. Puis, devant cette vidéo de Pasdustream, j'ai décidé de le reprendre et de l'étendre, sauf qu'il est devenu suffisamment large pour justifier une entrée de blog plus qu'un simple commentaire de ce fait, je l'ai encore plus étendu.

Arriver à un certain point, ce post à failli être divisés en trois. La partie 1. Et les deux sous-parti de la partie 2 aurai était leurs propres billets. J'ai finalement eu l'idée de divisés le billet en deux parti distinctes sur la même page.

MISE À JOUR, 23 JUIN, 21:10 : Finalement, ce post à bien était divisés en trois.

Je vous présente mes excuses pour le manque de détail dans cet historique. Ce billet de blog à occupé toute ma vie pendant les deux derniers jours. J'ai juste envie de le postés et de prendre une pause.

#politique #transidentité